vendredi 21 octobre 2011

Qu'est-ce que je danse ? Appropriation et évolution

Qu'est-ce que je danse ? D'où cela vient-il ? Questions importantes pour le chercheur ou le passionné
de danses traditionnelles, mais est-ce si important pour le danseur actuel en fest-noz ?(...)
La plupart des danses pratiquées ont un rapport étroit avec la société dans laquelle elles ont cours.
Pour être vivante, pour avoir un sens, la danse pratiquée en fest noz doit être vécue pleinement,
façonnée par les danseurs eux-même. (...) Pour exemple, le cercle circassien, danse inconnue dans le
répertoire traditionnel breton. Incorporée dans les années 80, hybridée avec d'autres mixers, elle va
passer de la ronde au cortège, faisant disparaître et apparaître de nouvelles figures. Les danseurs qui
proviennent de milieux différents s'approprient les danses, les adaptent et les font évoluer en fonction
de leurs goûts, de ce qu'ils veulent, de ce qu'ils sont. (...) Les danses ne correspondent plus à ce qui a
été collecté mais elles ont un sens pour ceux qui les pratiquent et les interprètent.
Ainsi, le fest-noz est un phénomène vivant. (...) La pratique actuelle de la danse n'est pas un manque
de culture, mais celui de l'appropriation d'un fonds de danses traditionnelles par les danseurs actuels.
(...)
Cela ne signifie pas qu'il faille renoncer à essayer, avec la transmission de ce répertoire traditionnel,
d'apporter une certaine culture, de transmettre en plus du répertoire, une manière de penser, une
recherche particulière. Libre aux danseurs par la suite d'accepter ou de refuser de l'entendre, ou de
tenter de le comprendre.
(d’après l'article de Marc Clérivet sur les pratiques de la danse bretonne pour le plaisir – Musique
Bretonne 168 – sept/oct 2001)

Danse traditionnelle : les pratiques actuelles

Le fest noz : appauvrissement ou enrichissement du répertoire dansé.
Ces manifestations, organisées le plus souvent les vendredis ou samedis soir, sont aujourd'hui bien connues. Des petites soirées pour initiés des années 60, on arrive au XXI è siècle à de grands événements pouvant réunir jusqu'à 7 000 personnes. Cependant, la population rencontrée n'est pas identique selon les festou noz. L' éventail des âges des danseurs est très large; les origines du public également. Entre la famille qui vient au fest noz annuel de la commune et les aficionados qui suivent les groupes têtes d'affiche, on peut observer tout un panel de danseurs. Une seule chose semble être commune à tous ces types de fest noz, c'est le répertoire.

Les danses pratiquées sont soit d'origine populaire de Bretagne ou bien proviennent du fonds du bal folk (cercle circassien, cochinchine, bourrée...). Le nombre de danses différentes lors de ces soirées tourne autour de la vingtaine mais il convient cependant de nuancer : entre un fest noz des montagnes finistériennes où l'on va entendre de la gavotte toute la soirée, et un fest noz dans la périphérie de Nantes ou de Rennes (et à fortiori en Touraine !!!), avec un plus grand nombre de danses (rondes, chaînes, quadrettes, danses en couple), la différence de répertoire reste importante.
Une vingtaine de danse, est-ce assez ou trop peu ? Y-a-t-il appauvrissement du répertoire dansé ? Pour pouvoir répondre à cette question, il faut prendre une référence. Mais laquelle ? S'il s'agit de comparer avec les festou noz des années 70, le répertoire était déjà à l'époque considéré comme faible. Si on compare avec les bals du dimanche après-midi, ces derniers ne comptent pas plus d'une trentaine de danses (et là, personne ne dit que c'est trop peu). Et si l'on compare avec la pratique de la danse dans la société traditionnelle en Bretagne, au début du Xxè siècle, le nombre de danses était limité en raison de l'aire géographique et de la pratique en communauté dans un groupe social bien défini.
On peut donc en conclure qu'il n'y a pas appauvrissement, mais qu'au contraire, il y a un enrichissement.
Néanmoins, il est vrai qu'un grand nombre de danses n'est jamais pratiqué en fest noz. Mais l'ont-elles été
un jour dans la pratique récréative populaire ?
Le référentiel devient alors le fest noz hypothétique, celui que l'on aimerait chacun bien voir, celui où
l'ensemble des danses traditionnelles de Bretagne seraient pratiquées. Mais ce référentiel ne sera
qu'unique, selon chaque danseur !!!!
(d'après l'article de Marc Clérivet sur les pratiques de la danse bretonne pour le plaisir – Musique
Bretonne 168 – sept/oct 2001)